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CORRIGE D'UNE
COMPOSITION
Les relations Est-Ouest de 1947 aux années 70.
L'amorce ou accroche en début de Composition est désignée ici comme une "entrée en matière", d'autant que l'usage, en Histoire comme en Géographie, est de proscrire les affirmations tapageuses et tout ce qui peut faire polémique. Une phrase de portée générale, admise par tous et situant le contexte sert à introduire le sujet.
Les méthodes récemment publiées recommandent ensuite de produire une "présentation" du sujet puis une "problématique" . Pour moi les deux étapes consistent simplement à reformuler le sujet : traduire les termes employés, expliquer les bornes spatiales ou chronologique imposées par l'intitulé, transformer celui-ci en une question.
Une véritable problématisation n'est sans doute pas exigible dans un devoir de Composition, qui ne prétend pas être une dissertation. Mais c'est un "plus" appréciable, qui consisterait à se poser à soi même un problème qui n'est pas explicitement déterminé par le sujet, de façon à pouvoir y répondre à la fin du devoir, et à construire son plan autour de cette interrogation centrale. On remarque que beaucoup de candidats formulent spontanément une problématique, mais trop tard, à la fin du devoir, où, sous prétexte d'ouvrir le sujet, ils posent une question... à laquelle leur composition aurait du/pu répondre !
INTRODUCTION
eem Revenir sur la
situation en 1945 : Victoire des Nations Unies et Grande Alliance
réunissant, entre autres, les deux
superpuissances... puis évoquer (à moins d'entamer
directement le devoir sur cet événement) la rupture de
1947 en
annonçant qu'elle est durable / affrontement jusqu'en 89-91 (puisque le rapprochement
esquissé dans les années 60 trouve
un terme brutal dans
le courant de la décennie suivante).
reformulation Le
sujet consiste en une étude de la Guerre Froide, conflit entre
deux modèles et deux blocs
(L'Est, c'est l'URSS et ses satellites ; L'Ouest, le "monde libre" groupé derrière le leader états-unien).
Cet affrontement, d'abord ponctué de crises graves, devient au
fil du temps plus feutré jusqu'à ce que, vers le milieu
des années 70, le climat s'envenime à nouveau.
problematisation Se
demander par exemple pourquoi la Guerre Froide n'est pas devenue
"chaude" (mais la question
vaudrait peut-être plus pour un sujet portant sur les relations
entre les superpuissances de l'après-guerre à 1990)
ou pourquoi des phases d'antagonisme virulent et de détente plus
ou moins sincère alternent les unes après les autres.
dans
le premier cas, on cherchera à démontrer
l'impossibilité de se faire la guerre dans le contexte
nucléaire (MAD)
dans le second, privilégié ici, on
montrera comment les deux Grands ont ou non intérêt
à se défier en fonction de
leur propre situation intérieure et du contexte international, de sorte qu'une certaine connivence finit par
s'installer (qui sera dénoncée en France par Michel Jobert)
annonce
du plan / résumé du DEVELOPPEMENT
Poser une question ou parler à la troisième
personne plutôt qu'annoncer
que "dans une première partie, je vais faire ceci, etc..." sauf
si votre professeur vous a personnellement conseillé ce
procédé inélégant
mais qui a le mérite de la clarté. Ici, on pourait écrire, par exemple :
Il
est intéressant d'expliquer les origines du conflit entre les
superpuissances en exposant les contradictions idéologiques qui
les
portent à s'affronter tout en expliquant leur retenue au cours des crises graves qui enveniment leurs rapports dans
les années 50.
L'équilibre de la Terreur conduit à un
réchauffement des relations et même à une
Détente dans les années 60 et 70,
mais les relations se tendent à nouveau après 75, dans un contexte international nouveau.
Le
développement ne peut être exhaustif il faut choisir
quelques illustrations soutenant l'expopsé de quelques
idées fortes.
1. La cristallisation des blocs et les
crises des années Cinquante interviennent dans un climat de peur
réciproque
mais d'inégalité stratégique : si l'armée
rouge a la capacité de submerger les défenses de l'Europe
occidentale,
les Etats-Unis possèdent le monopole atomique jusqu'en 1949 et conservent une longueur d'avance sur le plan
scientifique (la bombe H) puis en terme de nombre et qualité des vecteurs (bombardiers du SAC, etc..).
Le risque qu'un conflit local ne dégénère
est alors important (tensions lors du blocus de Berlin, limogeage
de Mac Arthur
durant la guerre de Corée) mais les enjeux sont relativement
limités : ni l'URSS ni les Etats-Unis ne sont touchés
dans leurs
intérêts vitaux, les deux superpuissances ont pour
ambition de "capitaliser" les fruits de leur victoire sur l'Axe et
veulent se
mettre à l'abri de toute agression nouvelle (glâcis
défensif soviétique en Europe centrale, projection
de forces américaines
"au delà des mers" et politique de Sécurité
Nationale) ; elles entendent de plus exporter leurs valeurs et modeler
le monde
à leur image (dès 1956, en traitant avec Nasser, l'URSS
prend le pari de s'allier avec des états non communistes et
de sortir de sa zone d'influence traditionnelle).
2. A la compétition
féroce succède une phase dite de "coexistence pacifique"
peu après la fin de la guerre de Corée et le
décès de Staline en 1953. La formule est de Khtouchtchev,
secrétaire du PCUS qui dénonce en 1956 les "crimes
de Staline"
et renonce formellement à la destruction du modèle
capitaliste libéral. Un accord est trouvé en 1955, qui
permet de mettre
fin au régime d'occupation en Autriche. L'URSS
cherche alors à ralentir le rythme de la course aux
armements, au moment
où elle a rattrapé en partie son retard technologique (le
lancement du Spoutnik donne même l'illusion d'une avance des
Soviétiques)
et où la direction du parti estime nécessaire
de miser davantage sur la production de biens de consommation.
L'initiative
de Moscou est cependant mal reçue dans son propre camp (la Chine
de Mao prend ses distances, d'où la rupture,
consommée
en 1960) et n'est guère prise au sérieux par les
Etats-Unis, qui renforcent leur soutien militaire à l'Europe,
installent
des fusées en Turquie, tentent de nouer avec les pays du
Moyen-Orient un "Pacte de Bagdad" hostile à l'URSS (le
CENTO).
Cette période se termine par deux crises graves : l'une,
provoquée par les Soviétiques pour obtenir par la force
le maintien du
statu quo en Allemagne (c'est
la construction du mur de Berlin à l'été
61, dans le but d''arrêter l'émigration des
est-allemands
vers la RFA) l'autre qui vise à rétablir
l'équilibre stratégique en implantant des
fusées soviétiques à Cuba.
L'affaire se solde par une reculade publique des Soviétiques,
qui hésitent devant le risque d'escalade nucléaire et la
détermination
affichée par le président Kennedy, mais les Etats-Unis
ont en contre-partie accepté de retirer leurs missiles
installés en Turquie.
3. On parle de Détente à
partir de 1963 et jusqu'en 1975. Les deux superpuissances renoncent en
effet à la "stratégie du bord
du gouffre" et leurs dirigeants se parlent désormais
régulièrement (téléphone rouge). Si
l'Amérique n'a pas renoncé à son
esprit de croisade en faveur de "la Liberté" et s'embourbe
au Vietnam (1961-1975) les deux Grands coopèrent dans
certains domaines économiques et politiques (commerce
céréalier, traités de
dénucléarisation ou de non prolifération).
Le monde est alors en passe de devenir multipolaire, de sorte que la concertation entre superpuissances est parfois
nécessaire face aux nouvelles puissances atomiques (la France,
la Chine, dont Nixon se rapproche pour intimider/amadouer Brejnev).
L'évolution des armements conduits de plus à concevoir le
principe de la "destruction mutuelle assurée" (MAD) ce qui
conduit à
abandonner les doctrines de riposte automatique pour un discours
plus prudent (risque de "découplage" entre Washington
et les capitales européennes, Ostpolitik allemande). Les accords
d'Helsinki, moyennant l'acceptation formelle par le camp
socialiste des principes démocratiques, "gèlent'" les
frontières européennes héritées de
Yalta mais donnent un cadre officiel
et permanent à la coopération des deux camps en Europe (CSCE).
4. Une nouvelle période
conflictuelle surgit à partir de 1975, apogée
supposé de la détente, dans une période où le monde
evient de plus en plus multipolaire (affirmation du "Sud"). On parle de "Guerre
Fraîche" dans la mesure où les agressions
soviétiques (ou
perçues comme telles) se portent vers
la périphérie, ce qui diminue le risque d'engrenage
: l'URSS
devient une puissance navale, installe
des bases permanentes en Afrique (Somalie puis Ethiopie) et en Asie (Vietnam) et
intervient militairement dans le Tiers Monde,
indirectement en Angola (contingent cubain) puis directement en Afghanistan
(coup de Kaboul en 1979). Les Etats-Unis, en crise économique,
sociale et morale (Watergate) sont partout en recul, la
présidence Carter étant
marquée par une humiliante prise d'otages
des fonctionnaires de l'ambassade de
Téhéran,
au lendemain de la
Révolution Iranienne. Les négociations sur le
désarmement entamées entre les deux Grands (SALT II)
débouchent sur un traité non
ratifié par le Congrès des Etats-Unis, qui
désavoue ainsi la politique accomodante de l'Exécutif.