La Guerre Froide
LYCEE RAVEL
correction du Sujet 3 ETUDE DE DOCUMENTS
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PREPARER LE BACCALAUREAT
UNE COMPOSITION CORRIGEE


Correction du BAC BLANC 2010 - faite en classe le 19 mars 2010                                                                                   Sujet redonné en mars 2011 aux épreuves communes (en TS)

SUJET 1 * Tableau du monde en 1945 

Sujet a priori assez facile, qui n'a pourtant pas été pris par grand monde. Certains élèves ont eu peur de ne pas comprendre le sens du sujet.

Il faut faire une analyse de la situation en 1945 : donc faire un bilan de la seconde guerre mondiale, qui s'achève cette année précisément, et évoquer la bipolarisation qui en est une des conséquences les plus immédiates (d'autres répercussions, telles que l'ébranlement des empires coloniaux, ne peuvent être traitées qu'allusivement si l'on veut s'en tenir au cadre chronologique imposé. De même, il serait abusif de traiter de la Guerre Froide qui ne commence véritablement qu'en 1947).

INTRODUCTION

eem . L'entrée en matière peut situer la problème dans le temps, par une phrase de portée générale sur le second conflit mondial.. 

Par exemple : En 1945 s'achève la seconde guerre mondiale, conflit le plus meurtrier de l'Histoire, qui opposa l'Axe (l'Allemagne nazie, le Japon militariste, l'Italie fasciste et leurs satellites) aux Nations Unies finalement victorieuses (les Alliés, parmi lesquels les "Big Three" : Grande-Bretagne, Etats-Unis, et URSS).

reformulation  . Il s'agit de préciser le sens du sujet.

Par exemple : Les rapports de force entre les états, l'économie et la société sortent radicalement bouleversés de cette guerre ; le monde est en ruines, et il importe, pour les vainqueurs comme pour les vaincus, de le reconstruire.

problématisation . Le sujet, c'est en gros : dans quel état se trouve la planète en 1945, sur quelles bases va-t-on entamer la reconstruction ? Il est possible de déduire de cette question une problématique plus personnelle destinée à donner plus de profondeur à la réflexion. Cette étape  ne serait indispensable que s'il s'agissait de produire une dissertation. En principe, dans une composition, on ne devrait pas l'exiger, mais c'est "un plus" appréciable.

On peut se demander par exemple : En quoi l'année 1945 marque-t-elle le déclin définitif de l'Europe et l'émergence d'un nouvel ordre international ? question dont il est bien évident que tout le monde voit aisément quelle sera la réponse. L'Europe est, en effet, définitivement éclipsée au premier rang des puissances mondiales, l'URSS et les Etats-Unis s'imposant dorénavant comme deux très grandes puissances...  et deux modèles de civilisation.

annonce du plan . Il s'agit d'exposer le cheminement suivi ultérieuement dans le développement. On peut  éventuellement rédiger cette annonce  sous la forme d'une série de questions, ce n'est pas obligatoire.

Ecrire par exemple : Il faut insister d'abord sur le traumatisme causé par la guerre (pertes humaines et matérielles, choc moral) puis étudier les conséquences politiques du conflit en  rappelant les modifications teritoriales opérées après la Victoire avant d'expliquer en quoi le monde apparaît désormais comme irrémédiablement divisé.

DEVELOPPEMENT

1. Un monde traumatisé [le choc de la guerre, son bilan]

2. Un monde bouleversé [l'expansion territoriale soviétique, l'enrichissement des Etats-Unis]

3. Un monde divisé [l'Europe coupée en deux, des vainqueurs entrant en rivalité malgré le maintien apparent de la Grande Alliance qui permet la fondation de l'ONU]

CONCLUSION

bilan . Il faut reprendre l'idée principale du devoir. Par exemple le fait que 1945 est une rupture ; le monde n'a plus rien à voir avec celui de 1939 (effacement des "puissances intersticielles" au profit des superpuissances, entrée dans l'ère atomique,etc.).

réponse à la problématique . 

ouverture . soit une question différente sur le même objet (donc, ici, sur le monde à un autre moment, mais alors il est difficile d'éviter de poser une question sur les années suivantes qui n'apparaisse pas comme ridicule dans la mesure où la suite nous est connue) ou la même question sur un autre objet (ici un changement d'échelle est possible, par exemple en évoquant l'état du monde colonisé en 1945).

Corrigé rédigé - ce n'est qu'une possibilité de traiter la question

En 1945 s'achève la seconde guerre mondiale, conflit le plus meurtrier de l'Histoire, qui opposa l'Axe (l'Allemagne nazie, le Japon militariste, l'Italie fasciste et leurs satellites) aux Nations Unies finalement victorieuses (les Alliés, parmi lesquels les "Big Three" : Grande-Bretagne, Etats-Unis, et URSS). Les rapports de force entre les états, l'économie et la société sortent radicalement bouleversés de cette guerre ; le monde est en ruines, et il importe, pour les vainqueurs comme pour les vaincus, de le reconstruire. En quoi l'année 1945 marque-t-elle une rupture et notamment le déclin définitif de l'Europe et l'émergence d'un nouvel ordre international ? Il faut, pour répondre à cette question, insister d'abord sur le traumatisme causé par la guerre (pertes humaines et matérielles, choc moral) puis étudier les conséquences politiques du conflit en  rappelant les modifications teritoriales opérées après la Victoire avant d'expliquer en quoi le monde apparaît désormais comme irrémédiablement divisé.

Les pertes humaines dépassent l'imagination : plus de 55 millions de morts dont 45 en Europe. Beaucoup de victimes civiles en tout (la moitié des morts environ !) notamment parmi les 25 millions de Soviéti­ques, les 7 millions de Chinois, les 6 millions de Polonais qui ont disparu..
    Les destructions matérielles s'expliquent surtout par les bombardements et là où la guerre est passée, les villages ont été rasés (70 000 en URSS !), les ponts détruits (6 000 en France) et la production s'est arrêtée.
    Le désarroi moral naît de la découverte des camps d'extermination nazis (10 millions de morts). L'utilisation de la bombe atomique à Hiroshima (août 1945) qui dévoile à l'homme son effrayante capacité de destruction est également l'objet de controverses. [on peut évidemment en dire davantage ici sur la "shoah", signaler l'extermination des Tziganes,  évoquer les déplacements de population, le nombre des familles sans logis, etc.].

L'URSS s'agrandit : récupération de territoires perdus en 1905 (sud Sakhaline), en 1918 (isthme de Carélie, Pays baltes, Est polonais, Bessara­bie) ; conquêtes nouvelles (nord de la Prusse orientale allemande, îles Kouri­les japonaises) ; constitution d'un ensemble de pays satellites à l'est de l'Europe (les « démocraties populaires »). Son armée est réputée voir gagné la guerre, elle a pris seule Berlin.
    En Europe : la Pologne glisse vers l'ouest aux dépens de l'Allemagne ; celle-ci est amputée de 100 000 km' à l'est de la ligne Oder-Neisse et divisée en zones d'occupation (mais aucun traité n'est signé) ; l'Italie abandonne l'Istrie à la Yougoslavie, les villages de Tende et La Brigue à la France.
    Hors d'Europe : les vaincus cèdent leurs colonies (Éthiopie, Erythrée, Somalie, Libye perdues pour l'Italie ; Mandchoukouo, Corée, Formose, sud de Sakhaline, îles Kouriles pour le Japon). Les Etats-Unis (USA) sortent renfor­cés par la guerre : leur puissance financière est intacte, ils ont éradiqué le chômage et détiennent 2/3 du stock d'or mondial, sont les créanciers du monde et n'ont subi que très peu de pertes en proportion de leur population.. [on peut marquer la différence entre l'URSS,  malgré tout dévastée par le conflit,  et les Etats-Unis, seule véritable superpuissance en 1945].

Les vainqueurs ne tardent pas à afficher leur désunion.    
    Les Etats-Unis, méfiants envers le dynamisme supposé du Communisme et inquiets de la supériorité numérique des armées soviétiques, supendent l'application de la loi prêt-bail, dont bénéficiait depuis 1941  l'URSS, dès la fin de la guerre en Europe, et font étalage de leur supériorité en matière d'armement (bombardement de Dresde, loin de tout objectif stratégique mais à portée de l'Armée Rouge, utilisation du feu atomique contre Hiroshima et Nagasaki dans l'intention explicite d'abréger la guerre mais au moment même où l'URSS met fin à sa neutralité en Asie). 
    Staline entend former un glâcis protecteur à partir des pays d'Europe centrale et orientale occupés par les troupes soviétiques et se soucie peu d'instaurer des régimes librement élus dans ceux-ci, tandis que Churchill dénonce dans un télégramme prémonitoire au président Truman le "rideau de fer" qui coupe le vieux continent en deux. 
L'ONU, Organisation des Nations Unies censée garantir la paix universelle fondée en 1945 à San Francisco (siège : New York),  si elle maintient un lien permanent entre les deux « supergrands » (USA, URSS) n'a pas compétence pour régler les traités de paix et se montre vite incapable de résoudre les problèmes du désarmement. [on peut introduire ici une comparaison entre Roosevelt,  qui  par réalisme admettait le patage du monde en zones d'influence, tout en les récusant face à l'opinion publique, et Truman qui s'en tient à l'application littérale des accords de Yalta  et subit l'influence grandissante des "faucons", sans qu'il ait encore choisi en 1945 la "rupture"].

    Autrefois caractérisé par un relatif équilibre des puissances  le monde est donc, depuis 1945, partagé entre "deux masses énormes" (Charles de Gaulle) situées hors d'Europe et dont la rivalité semble probable sinon inévitable. Etats-Unis et URSS s'imposent désormais comme seules capables de prendre en charge les problèmes internationaux. Chacune des deux puissances incarne en outre une idéologie (libéralisme, socialisme).
Le rôle des principaux états agissant sur la scène diplomatique avant 1939, y compris la Grande Bretagne, qui a pourtant vaincu le nazisme, paraît déclinant. Né en partie d'une guerre civile européenne, particuliérement barbare, le conflit met définitivement un terme au mythe de la supériorité de la civilisation européenne.
 L'année 1945 ne marque-t-elle pas notamment l'ébranlement des empires coloniaux, souvent directement impliqués dans les opérations militaires, affectés par la perte de prestige des métropoles, convoités par les Grands et secoués par des nationalismes devenus virulents  ?



Dans cette proposition de corrigé, il n'est pas fait mention (ou à peine) des conférences de Yalta (décembre 44) et Posdam (juillet 45) qui pourraient pourtant être expliquées dans la troisième partie du développement, surtout si vous rédigez votre composition dans une intention plus narrative. Il faut comprendre qu'une composition est un travail de réflexion autonome, et que l'exercice vous oblige à faire des choix, car vous ne pouvez tout dire.
Il serait pertinent d'insister sur la mort de Roosevelt et l'entrée en fonction de son successeur Truman en avril 1945, événement considérable si l'on songe à la responsabilité de ce dernier dans le lancement de la "croisade contre le Communisme". Au partage du monde (tacite) en zones d'influences, consenti pour préserver la paix, Truman va substituer une application littérale des décisions de Yalta, et raidir l'attitude américaine à l'égard de Moscou... cependant cette rupture se produit après 1945 !


La Guerre Froide