Prise de notes
TD n°17 du 25 mars 2022
spécialité
H.G.G.S.P.
Un destin
Robert Capa, de son vrai nom Endre Friedmann, est né en
1913 en Hongrie. Issu de la bourgeoisie juive de la capitale, il milite
à gauche dès sa jeunesse et, pour cette raison,
doit s'exiler à l'âge de 18 ans à Berlin.
Tenté par le journalisme mais ignorant la langue de Dante, il
devient alors photoreporter. Embauché par une agence
photographique allemande, il apprend son métier sur "le tas"
rendant notamment compte de deux meetings tenus autour de Léon
Trotsky en 1931 et 1932 (le second - à Copenhague - est le
dernier auquel participe le révolutionnaire, assassiné
peu après par les sbires de Staline dans son exil mexicain).
Vivant à Paris
sous le pseudonyme de André Friedman
au moment où l'Allemagne sombre dans le nazisme et l'Autriche
dans la dictature, il y rencontre d'autres photographes tels que
Cartier-Bresson et Gerda Taro, son amie et compagne (elle meurt
écrasée par un char en Espagne en 1937). Cette
dernière,
comme
André a du mal à vivre de ses photographies, avait
inventé en 1936 un personnage fictif nommé Robert Capa,
un prétendu photographe américain dont son compagnon
n'aurait été que l'assistant. Le
subterfuge aide effectivement celui-ci à mieux vendre ses
clichés. Fervent antifasciste durant la guerre d'Espagne, Capa
(il a pris le nom pour lui-même) y multiplie les reportages pour
le compte de revues et journaux d'obédience communiste telles
que "Regards" "Vu" ou "Ce soir" avant de couvrir en 1938, pour
le compte de "Life", la guerre sino-japonaise. C'est encore ce magazine
qui l'envoie participer aux débarquements en
Afrique du Nord puis en Sicile et enfin en Normandie (Omaha Beach). Il
assiste
à la libération de Chartres puis à l'entrée
de la 2ème DB dans Paris (à cette occasion, et
malgré l'interdiction de Leclerc, il accompagne les
Français Libres, grâce à ses amitiés avec
les anciens Républicains Espagnols servant dans cette
unité). Il participe en 1947 à la fondation de
l'Agence Magnum, une coopérative détenue par les
photojournalistes et reporters d'images les plus célèbres
du temps. Après avoir réalisé des reportages en
Israël, il se porte volontaire pour aller en Indochine pour le
compte de "Life" et y meurt en 1954. La France lui décerne la
croix de guerre. Ami de l'écrivain Ernest Hemingway (qui
s'inspira de ses
photographies pour écrire "Qui sonne le glas ?") amant de
l'actrice Ingrid Bergman et grand séducteur, ne tenant jamais en
place, il meurt jeune, en baroudeur, au terme d'une existence pleine
d'aventures.
Des photographies célèbres
"Mort d'un soldat républicain" publié en 1936 par "Vu"
(qui montre deux victimes) puis
en 1937 dans "Life", le cliché - sans doute le plus connu de
Robert Capa - a suscité la polémique puisque le soldat
photographié aurait, d'après certains historiens et
journalistes, joué la scène pour le compte de Robert
Capa. Le soldat serait pourtant mort sur le front le jour
même (quoique son identification ait été sujette,
elle aussi, à controverses) !
Onze clichés célèbres, bien que flous, ont
été pris sur la plage d'Omaha Beach par Robert Capa, qui
s'y trouvait le 6
juin 1944. On les surnomme les magnificent
eleven.
Dès
1938, Capa passe pour le meilleur reporter de guerre du monde (la
formule est celle d'un magazine britannique).
|