Cahier de textes de l'année scolaire 2021-2022/ VANDERPLANCKE P-L / Lycée Maurice Ravel 64500 Saint-Jean-de-Luz / Spécialité HGGSP 1

Révisions DS3 trace écrite partielle du cours sur LES PUISSANCES



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CHAPITRE V
Les puissances internationales :
des états, acteurs principaux (et traditionnels) des relations internationales sujets à l'essor, au déclin voire à la reconstruction de leurs moyens d'action
et d'influence
 [les exemples ottoman et russe]


1.  Les caractèristiques de la puissance globale
leçon n°1 du livre pages 114 et 115

A - Imposer sa volonté par l'action politique, et peser dans le monde par l'ampleur des moyens à disposition (Hard power des États-Unis)

Disposer d'un
Hard Power c'est avoir des moyens tangibles pour intervenir dans les affaires des autres (ingérence) et pouvoir les mettre en oeuvre pour empêcher notamment les autres puissances de limiter la souveraineté de la nation ou d'empiéter dans sa zone d'influence
(projection, défense et dissuasion).

Les États-Unis sont capables de faire la guerre très loin de chez eux (ici, en Asie) pour défendre l'un de leurs alliés et/ou leurs intérêts. Leurs armes sont nombreuses et de haute technologie (hélicoptères de combat), leurs forces ("
marines") sont pré-positionnées partout dans le monde (OTAN, OTASE, etc.) et ils sont capables de dissuader un ennemi de les attaquer directement (force de frappe nucléaire). Ils s'engagent après 1945 dans une guerre idéologique contre le communisme, mobilisant avec succès leur population dans une sorte de "croisade" pour la liberté et contre "le mal". Une politique toutefois ambivalente, ce qui est montré par le choix d'une musique wagnérienne, la "chevauchée des Walkyries" - celle-là même que le régime national-socialiste allemand avait promu, en faisant l'hymne de la Luftwaffe ! que le film présente comme ayant été choisie par un officier de l'armée des États-Unis pour rendre plus excitants ses bombardements sur le Vietnam.



B - Exercer son influence et/ou incarner un leadership plus ou moins contraignant en nouant des relations bilatérales privilégiées voire en organisant des alliances internationales (Soft power)

Détenir la puissance douce, c'est avoir la capacité d'infuencer et/ou de séduire par son modèle et d'user de "formes indirectes de puissance"  pour faire faire aux autres états une politique conforme à ses intérêts (diplomatiques, commerciaux ou autres).

Grâce - notamment - à la diffusion globale de son cinéma, l'Amérique popularise ses valeurs et séduit (c'est toujours la première destination des migrants et réfugiés). Mais, si un réalisateur comme Francis Ford Coppola met en scène en 1979 une esthétique de la guerre, il en dénonce aussi les travers et montre les dérives de la politique étrangère des États-Unis et certains crimes de guerre commis en son nom, comme d'autres réalisateurs tels que Stanley Kubrik : ce sont donc des films produits par des États-Uniens qui critiquent le plus efficacement la politique étrangère du pays. Leur existence renforce paradoxalement la confiance envers le système démocratique nord américain. Le recours à la force, devenu au fil du temps et dès la fin de la guerre du Vietnam, de plus en plus inefficace et de moins en moins populaire n'est de toute manière que l'un des nombreux moyens dont l'Amérique dispose pour rayonner dans le monde (sa culture et sa richesse y contribuent largement).



C - S'imposer dans la hiérarchie des puissances et dans tous les espaces régionaux.

Seuls les États-Unis sont, partout dans le monde, en mesure d'agir unilatéralement ou dans le cadre d'une coalition, soit pour faire appliquer leur volonté propre, soit la loi internationale, tout en pouvant décider pour leur propre compte d'y échapper à leur gré. Ils sont donc l'unique superpuissance mondiale.

Les autres puissances internationales, encore dites "puissances établies" sont la Russie et les membres du G7, parmi lesquels la France et le Royaume-Uni font encore figure de puissances mondiales par l'étendue des aires où elles interviennent mais sont par ailleurs qualifiées de "puissances moyennes mondiales" vu la modestie (relative) de leurs moyens.

Parmi les pays émergents, quelques uns sont potentiellement (ou déjà, dans le cas de la Chine) des puissances mondiales, mais incomplètes. On les désigne comme des "puissances ascendantes".

Quelques entités sont désignées comme des puissances alors qu'il ne s'agit pas d'états ; l'Union Européenne dispose ainsi des bases nécessaires à l'exercice d'une influence globale (population, territoire, richesse) et joue sur la scène internationale un rôle comparable, sur certains plans, à celui d'un grand pays, malgré un manque de solidarité patent entre ses états membres.

vocabulaire : puissance potentielle et puissance déployée



LES PUISSANCES ÉTABLIES
(des pays jouant de longue date un rôle global, du fait de leur poids économique, culturel et/ou politique et militaire)
Ce sont les états membres du G7 (G8) :
- Les États-Unis, unique superpuissance (forte et influente dans tous les domaines et capable d'agir partout - encore que ses moyens et ses ambitions semblent dénoter un déclin relatif mais sensible qui lui retirerait à terme toute possibilité d'hégémonie)
- La France et le Royaume-Uni, seules puissances mondiales moyennes
(influentes et investies partout mais dotées d'une capacité d'action limitée)
- Le Canada, l'Italie, l'Allemagne et le Japon, au coeur de la "Triade" comme les trois pays précédemment cités
- La Russie, héritière de l'URSS, dont les capacités militaires et le poids sur le marché des hydrocarbures sont redoutables mais qui a été évincée du G8

On peut éventuellement citer également la Chine (membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU et bénéficiant à ce titre d'un droit de véto, comme la Russie, la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis) quoiqu'elle fasse plutôt partie de celles des puissances émergentes (pays en développement) jouant d'ores et déjà un rôle notable dans les affaires du monde et susceptibles de les diriger à moyen ou long terme :

LES PUISSANCES ASCENDANTES
(essentiellement : des géants de l'ancien Tiers Monde)
Ce sont notamment les pays du BRICS : Brésil , Inde, Chine et Afrique du Sud - auxquels on ajoute souvent la Russie, décrite comme en re-dévelopement et partageant le même intérêt que ses partenaires à se poser en puissances alternatives défiant la mainmise des puissances établies (et principalement les États-Unis, dont elles contestent la domination) Deux des principales puissances décrites comme ascendantes sont donc, en même temps et paradoxalement, des puissances établies plutôt que des puissances émergentes.






Erdogan : relance de l'essor de la puissance turque, ou président d'un apogée, celui d'une République
nationaliste et martiale, dont le modèle (laïc) décline de facto au profit d'un projet islamiste ?




"Turquie, nation impossible"
un documentaire diffusé et produit par la chaîne ARTE 

Un film qui fait le parallèle entre "le père" (Mustafa Kemal dit Ataturk) et "le frère" des Turcs (Erdogan, leader charismatique et très populaire dans son pays comme aussi dans tout le monde musulman). Mais qui n'est pas impartial et porte au contraire un jugement très négatif sur les ambitions de l'actuel dirigeant de la Turquie, comparé à un "sultan" qui régnerait, suivant l'un des intervenants, sur une société fondée sur la peur (et la victimisation).

 







LA RUSSIE ENTRE 1991 ET 2014
un exposé et son analyse évalués en classe
 



questionnement de l'élève présentant le sujet par un autre élève au terme de son exposé
puis :  reprise dans le cadre du cours



Transition conclue en 1991
C'est l'aboutissement de réformes mal acceptées
(la perestroika) et d'une démocratisation tardive (la glasnost) mises en oeuvre par Mikhaïl Gorbatchev pour "sauver" l'URSS. Dernier président de l'Union Soviétique et désireux de maintenir le système soviétique, il est pourtant contraint de prononcer l'interdiction du PCUS après un putsch avorté commandé par les élites communistes et doit accepter la dissolution de l'Union au profit de la République de Russie de Boris Eltsine, Président élu par le suffrage populaire et qui s'est opposé avec succès au coup de force à Moscou. L'URSS devient alors la CEI (communauté des états indépendants) mais cette dernière organisation n'est pas un grand succès. La Russie succède à l'URSS à l'ONU et entend conserver un droit de regard sur les affaires intérieures des autres états successeurs de l'URSS, entreprenant de se convertir rapidement à l'économie de marché et tentant dans le même temps de se libéraliser. Mais le PNB et le niveau de vie des citoyens s'effondrent !

Carte d'un démembrement
C'est la Russie, sa principale composante, qui quitte l'URSS et la fait imploser. Mais le recul de son influence dans les autres républiques soviétiques (dites "l'étranger proche") et l'immigration subie des "pieds rouges" (des Russes indésirables dans les pays autrefois intégrés à l'URSS, appelés ainsi par analogie avec les rapatriés d'Algérie) mécontentent fortement l'opinion. D'autant que les PECO sont intégrés dans l'Union Européenne mais également dans l'OTAN et que la Russie, en plein désarmement,  n'est plus une puissance respectée sur la scène mondiale.

Reprise en main
Vladimir Poutine choisi comme sucesseur par Eltsine, incarne un pouvoir fort et se succède à lui-même depuis 1999 au poste de chef de l'État et (transitoirement) à celui de premier ministre. Sa fermeté face au séparatisme (guerre de Tchétchénie) et ses postures viriles voire homophobes plaisent aux franges conservatrices de l'opinion et en font un dirigeant populaire, dont les opposants sont privés de tribune par une presse écrite et un système audiovisuel dominés par le gouvernement. Poutine procède à une recentralisation de la gouvernance, restaure un dirigisme économique d'autant mieux accepté qu'il se montre ostensiblement plus dur à l'égard des oligarques (du moins ceux qui sont suspectés de vouloir lui résister) et entend restaurer la puissance et la réputation internationale de la Russie en réarmant le pays.

Rebond et fragilité
L'essor de l'économie pétrolière et gazière et les interventions militaires du régime, sans parler du leadership, controversé mais indéniable, de son dirigeant, lui confèrent rapidement légitimité et prestige. Cependant, la Russie reste très dépendante de ses exportations de matières premières et sa politique extérieure brutale la marginalise en Europe (annexion de la Crimée en 2014, après l'apogée des jeux de Sotchi) ce qui l'expose à des sanctions internationales (éviction du G8, embargo commercial occidental, retrait de médailles olympiques pour fait de dopage, etc.). Vladimir Poutine réforme en 2020 la constitution pour ouvrir la voie d'une possible présidence "à vie" mais le fait qu'il n'ait pas préparé pas sa succession ni réussi à réintégrer la cour des grands (les Occcidentaux continuant à le "snober" ouvertement) ternit son bilan alors que la mauvaise conjoncure économique et la COVID 19 affectent durement une population vieillissante, dont les effectifs décroissent.

 

Trouvez dans la médiathèque la présentation  
ayant servi de support à l'exposé




Lundi 4 janvier [10 h 20 - 12 h 10] - Cours
 
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La Chine : Une "économie socialiste de marché" permettant aux entrepreneurs de réussir et d'exporter

nr pas confondre avec : économie sociale de march" (modèle rhénan, à son apogée en Allemagne et dans les pays du BENELUX dans la seconde moitié du XXème siècle)

Du point de vue de la RPC, l'économie du pays est "socialiste" comme le régime politique et social l'est également. Il s'agit en effet de désigner par cettte expression un stade transitoire de développement, l'objectif demeurant de parvenir un jour au Communisme, décrit comme une société idéale, une utopie. Cette économie socialiste s'est ouverte dès l'aube des années 80 au capitalisme, sous l'impulsion de Deng Xiao Ping, successeur de Mao (au pouvoir de 1949 à 1976) qui a d'abord autorisé la libre entreprise dans quelques "zones spéciales" peu nombreuses, puis n'a eu de cesse d'étendre les réformes destinées à moderniser l'état et l'économie. En théorie, la collectivisation de l'économie demeure l'horizon du communisme chinois ; en pratique, de nombreux hommes d'affaire, souvent issus des rangs du Parti, ont su s'enrichir au fur et à mesure que la Chine devenait l'atelier du monde. Une classe moyenne encore embryonnaire mais accédant à la société de consommation a d'autre part émergé, et la RPC s'est intégré dans l'espace mondialisé, devenant la première économie globale après les États-Unis. Des firmes comme Huawei sont désormais présentes partout dans le monde et reconnues pour leurs capacités technologiques. Les milliardaires chinois sont pourtant susceptibles de voir leurs initiatives contester par le Parti (Jack Ma, le fondateur d'Alibaba, est aujourd'hui sur la sellette car suspecté d'abus monopolistique" après qu'il ait osé critiquer le gouvernement : sa "disparition" brutale montre la volonté du PCC de contrôler la société et l'économie).

 
Un leadership devenu plus agressif, incarné par Xi Jinping, promoteur de "nouvelles routes de la soie"  censées garantir la co-prospérité de la Chine et de ses partenaires


Documentaire "Le monde selon Xi Jinping" par Arnaud Xainte





L'incarnation du régime Chinois dans un nouvel homme fort, le Président Xi Yinping (vice-président dès 2008 et "numéro un" du Parti depuis 2012 puis chef de l'état à partir de 2013) coïncide avec l'affirmation de nouvelles ambitions internationales (le "rêve chinois" qui consiste à promettre aux citoyens Chinois, jadis victimes de l'impérialisme occidental, de retrouver d'ici à 2049 leur place légitime dans l'ordre mondial monde : au premier rang !).  Ce nationalisme assumé est censé garantir la pérennité du régime communiste en flattant l'amour propre des citoyens et permet la promotion de la personnalité du dirigeant (Xi annonce en 2018 son intention de se maintenir indéfiniment au pouvoir et se présente comme le troisième grand homme du pays après Mao et Deng, un peu comme Erdogan s'affiche volontiers comme le nouvel Ataturk). La légitimité du pouvoir communiste chinois repose donc sur une "volonté de revanche" délibérément assumée. Quant à la popularité du leader et de sa "première dame" (sinisation d'une pratique américaine) elle est initiée et mise en scène par les médias officiels, tous "à la botte" du pouvoir.



Par la voix de Xi, la RPC n'hésite plus à prôner - paradoxalement, car elle est souvent accusée de protectionnisme et impose aux investisseurs étrangers des joint ventures avantageuses pour le partenaire chinois - le "libre-échange" (présence au sommet de Davos, en Suisse, en 2017) et à se poser en challenger des États-Unis comme principal partenaire économique des grandes puissances, et singulièrement de l'Europe (un  accord sur l'investissement vient d'ailleurs d'être conclu le 30 décembre 2020 avec l'UE, accord qui autoriserait de libres investissements européens en Chine, une concession inattendue de la part du PCC, donnant plus de consistance aux promesses chinoises de s'ouvrir au monde et de pratiquer des coopérations "gagnant-gagnant" - quoi que le documentaire, plutôt très hostile, dise à ce sujet... mais dont la ratification risque de s'avérer compliquée).

La Chine entend développer les "nouvelles routes de la soie", un réseau d'infrastructures
(voies ferrées, liaisons maritimes et ports, routes) destinées à sécuriser les débouchés commerciaux de la RPC et à créer une dépendance financière (dans la mesure où les aménagements reposent sur des prêts bancaires chinois voire sont construits par la Chine). Mais cette politique de puissance indirecte (influence économique) s'accompagne par ailleurs de démonstrations plus brutales : ouverture d'une base militaire chinoise à Djibouti en 2017, en dépit des promesses passées de la RPC ne pas reproduire les pratiques hégémoniques américaines, efforts d'armement considérables, avec l'objectif non dissimulé de devenir la première armée au monde, désinvolture très menaçante à l'égard des voisins (stratégie "de la langue de boeuf" en Mer de Chine méridionale, discours agressif et provocations à l'égard de Taiwan, répression tous azimuts à Hong Kong).


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