eLearning HISTOIRE TERMINALES

Mardi 9 janvier [12 h 10 - 13 h 05]

1°) Les conditions du débat démocratique : médias, réseaux sociaux, information, éducation, éthique de vérité.

A - Les médias : définitions et déontologies

Le problème des contenus destinés à plaire aux récepteurs : témoignage falsifié devant le Congrès et les caméras de toutes les télévisions d'une prétendue infirmière pour justifier l'intervention ocidentale contre l'Irak en 1990 ; prétendue crucifixion d'un enfant de trois ans par les Ukrainiens racontée par la télévision publique russe et reprise par "Russia Today" ainsi que par par le compte Facebook d'un proche de Poutine lors de la reprise de Sloviansk en juillet 2014.

définition des mass media et historique rapide
les premiers journaux d'information (assez mal nommés !) à grand succès sont français (le Petit Parisien, notamment) et leur tirage supplante rapidement celui de la presse dite d'opinion ; certains médias sont ostensiblement racolleurs dans le choix de leurs titres, de leurs illustrations et la définition de leur ligne éditoriale sans que le contenu de leurs articles ne soit forcément "mauvais" (exemple des tabloïds anglais tels que le "Sun" - ce journal, à l'origine de nombreux scandales mais très populauires en Grande-Bretagne, est un soutien indéfectible du parti conservateur, et publie par ailleurs depuis 1969 (en page 3) la photographie d'une ou plusieurs jeunes femmes peu vêtues. Accusé régulièrement de sensationnalisme voire de diffamation - ce fut le cas aux dépens de Jacques Chirac, traité de "ver" dans une édition spéciale en Français en raison de son opposition à la guerre en Irak - il porte les opinions de son propriétaire, Robert Murdoch, et a, par exemple, soutenu "le Brexit" et Boris Johnson)

Dès l'origine, les médias sont associés à la propagande et est donc accusée de désinformation ; de nombreuses guerres sont fondées sur une campagne d'opinion destinée à les préparer (un magnat de la presse américain est suspecté d'avoir imposé à l'opinion puis au gouvernement la guerre hispano-américaine de 1898 - son histoire, romancée, a inspiré le film "Citizen Kayne"). Mais c'est la soumission totale de la presse à la censure de guerre pendant le premier conflit mondial qui provoque en réaction, en 1918, la création, en France, d'un syndicat unique, le SNJ, lequel promeut l'idée d'une responsabilité des journalistes vis à vis de leurs pairs, et d'eux seuls. Il rédige une alors un code de déontologie sous la forme d'une charte - protectrice pour les professionnels des médias (interdiction du plagiat par exemple) mais peu soucieuse des droits du public - avec l'intention de former un ordre professionnel (comme celui des médecins ou des notaires). C'est que les médias, vus à l'origine comme un quatrième pouvoir indépendant (dès le XVIIIème siècle aux États-Unis et le XIXème siècle en France) tendent dès lors, non plus tellement à constituer un frein aux trois pouvoirs politiques classiques (exécutif, législatif et judiciaire) mais à les servir, en raison de la collusion entre la presse et les autorités, et entre la presse et les milieux économiques, collusion renforcée par le poids grandissant de la publicité et/ou des subventions dans le fonctionnement de la presse ("Le Canard enchaîné" est, de ce point de vue, un cas presque unique en France d'hebdomadaire indépendant, car vivant sans publicité ni aides de l'État, et propriété de ses rédacteurs).

L'éthique des journalistes est largement remise en cause depuis la fin des années 80 : en France, le traitement de la "révolution roumaine" de 1989 est notamment très contesté, de même que le voyeurisme des médias dans les affaires judiciaires ; un sondage annuel est publié qui, depuis 1987, mesure la confiance -déclinante- des gens envers les médias. Une partie de ceux-ci se consacrent à débusquer les erreurs (parfois volontaires) de leurs confrères (on désigne tout canular ou tromperie diffusée par un média comme étant un "hoax" ou une "infox," assimilé à une tentative d'intoxication - ou intox) et pratiquent le fact checking - encore appelé démystification (voire "debunking", mais la formulation anglaise implique le recours à une dépréciation systématique de la source, sans garantir aucune impartialité). La pratique conut toutefois à des dérives : la réinformation prétendument menée par certains médias peu fiables tandis que de smythes (telle que celui de la nécessaire neutralité et de la totale impartialité des journalistes) survivent dans le public mais que la vérification des la fiabilité des informations est de moins en moins poussée, et trop souvent réservée à quelques journalistes dits "d'investigation".

B - L'information au temps de l'Internet et des réseaux sociaux : fragmentée et horizontale

L'information parvenant à l'utilisateur des réseaux est filtrée en amont par les diffuseurs en fonction de ses centres d'intérêts détectés et de ses opinions

Le délit de "propagation de fausse nouvelle" est moins souvent évoqué que ne le sont, suivant les propos de l'ex-président Trump et ses proches, la propagation de "fake news" ou la promotion de "vérités alternatives", deux expressions atténuant de facto la gravité du mensonge tout en jetant l'opprobre sur les médias dominants dits "mainstream" (on parle aussi de "mediamensonge" mais le terme est peu utilisé car certains médias suspects de complotisme en abusent). De même, la diffamation est fréquente sur les réseaux en raison de l'anonymat des pseudonymes utilisés par "les trolls" - des usagers qui pratiquent calomnie et/ou insultes pour "commenter" (et polluer) les sites d'information ou le débat démocratique....

Alors que des tentatives sont faites auprès du législateur pour brider la liberté d'investigation au prétexte de défendre le "secret des affaires" des journaux gratuits sont diffusés, dont les informations ne sont guère vérifiées. De plus, certains sites tels que Melty, Konbini et Buzzfeed ont pour spécialité la production industrielle d'information à bas coût destinée aux jeunes" : leur contenu est du reste "sponsorisé" par des marques et manque totalement de rigueur ; il s'agit de publicités déguisées. Par ailleurs, les nouveaux outils de capture et de diffusion (le smartphone, les chaînes youtube et autres réseaux sociaux sur le Net tels que Twitter, Facebook, etc?) permettent que tout le monde puisse réaliser et montrer des "reportages", livrer ses commentaires (cf les influenceurs, la plupart du temps peu scrupuleux car intéressés aux ventes des produits qu'ils mentionnent ou "testent"). Aussi les principes déontologiques reconnus presque unanimement par tous les journalistes européens (et occidentaux : cf. le premier amendement aux États-Unis) sont-ils parfois bafoués en pratique, y compris dans certains cas par des journalistes professionnels. Au plan global, l'UNESCO a publié un code d'éthique en 1983. Mais ce n'est que l'embryon d'un texte de portée universelle, lequel reste à écrire.

C - Inefficacité de l'Éducation ? l'exemple des théories du complot