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Caractère paradoxal des relations avec la France, état-nation rival et modèle : trois conflits franco-allemands, dont deux guerres mondiales, entre 1871 et 1945.


Socialisme, Communisme et Syndicalisme en Allemagne depuis 1875

Définitions. Rappels de vocabulaire et contextualisation.
Chronologies inversées en ce qui concerne Socialisme et Communisme, selon qu'on les définit comme des idéologies ou des formations partisanes.

A - Une grande nation industrielle passée par bien des vicissitudes.
Une unité allemande récente (1871) une nation encore traumatisée par l'accident Hitlérien et la fragilité des expériences démocratiques contemporaines (Weimar)  des incertitudes territoriales levées tout récemment (accord avec la Poogne seulement à la réunification des deuwx Alemagne de L'Ouest et de l'eST)... mais un rôle majeur dans l'Industrialisation et une position de puissance mondiale avérée ; une démocratie exemplaire et une économie aujourd'hui très prospère (opulence retrouvée dès les années Cinquante en RFA) qui semble être "au coeur" de l'Europe (l'Allemagne est l'un des états pionniers dans la formation de l'UE et en est le principal étét membre au point de vue démographique).

Dès 1875 : unification des socialistes dans un seul parti au Congès de Gotha, vu aujourd'hui encore comme l'acte de naisance du SPD (Mais depuis 1918, deux gauches irréconciliables : les Communistes puis la Gauche radicale refusant toute alliance électorale avec les sociaux-démocrates, à l'inverse de la tradition française - rôle important  de cette division durable dans le jeu politique allemand : impuissance des Gauches face au Nazisme,  pratique récente des grandes coalitions.... )


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le corrigé  rédigé

d'une étude sur le programme de Gotha

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B - Un mouvement ouvrier organisé rapidement et fortement
Le Contexte du XIXème Siècle : seconde révolution industrielle, ascension de la puissance allemande, volonté Bismarckienne d'intégrer les ouvriers dans la société du IIème Reich. Interdiction des partis socialistes jusqu'en 1890 mais complaisance envers les syndicats : développement des pratiques réformistes, progrès de la législation...
Mais conviction durable des Marxistes : la Révolution mondiale est inéluctable et  l'Allemagne (ou plus exactement le prolétariat allemand) doit y jouer le premier rôle.
Opposition entre histoire française et histoire allemande : peu de régimes libéraux et démocratiques heureux en Allemagne, législation sociale plus avancée mais droits politiques plus réduits.

 

Manuel  : doc 3 p 136 (encadrement des ouvriers par le parti, qui soutient les grévistes par le biais de syndicats de masse dont il contrôle la direction et qui sont groupés en confédération depuis 1892, fournit des services aux ouvriers - coopératives, mutuelles, etc. - et organise leurs loisirs). Un million d'adhérents  (la moitié des ouvriers allemands) sont encartés en 1914.

Après la première guerre mondiale : concurrence entre le SPD et le KPD. mais maintien d'un fort encadrement de la classe ouvrière.
doc  p 137 (pratique du culte de la personnalité aux profits des fondateurs du Socialisme,et  internationalisme révolutionnaire).


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C3 - 1933 - 1945 : L'éclipse hitlérienne
Les Nazis se débarassent très rapidement du KPD (accusé d'avoir commandité l'incendie du Reichstag et interdit avant tous les autres partis). Les députés du SPD sont donc les seuls à refuser de voter les pleins pouvoirs au Chancelier Hitler en 1933, mais le Parti, affaibli de longue date par la concurrence de la gauche radicale (Communistes et dissidents) est bien incapable d'empêcher l'installation de la dictature. Sous le IIIème Reich,  les militants du KPD et du SPD (
"rouges") entrent en résistance, conservent même une influence dans les centres urbains industrialisés et à Berlin, quoique durement réprimés par la Gestapo ;  ils pourront éventuellement fraterniser dans les camps...  mais les directions de chacun des partis - en partie décapitées (62 députés socialistes assassinés, 57 communistes) ne se réconcilient nullement.

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C - Des Socialistes divisés face à une série de catastrophes : la guerre, la révolution russe,  la crise de la République de Weimar et le IIIème Reich (1914-1945)

C1 - La Grande Guerre : la consommation d'une rupture dramatique. 
Dès la relégalisation du "parti ouvrier socialiste d'Allemagne" (abrogation des lois antisocialistes de 1878, en 1890) deux tendances s'affrontent au sein du parti SPD, et le programme révolutionnaire approuvé par le congrès réuni à Erfurt en 1892 ne fait pas l'unanimité, même si l'unité du Parti est maintenue. Ce programme n'est d'ailleurs pas sans nuance malgré son orthodoxie marxiste apparente. Alors que les syndicats sont associés à l'effort de guerre (loi de 1916 sur le service patriotique) et que la plupart des cadres du SPD se montrent bellicites et patriotes,  une minorité révolutionnaire refuse la guerre et souhaite profiter des circonstances pour faire la révolution : ce sont  les "Spartakistes",  encouragés par le succès de la révolution russe de 1917, qui proclament la république socialiste allemande en 1918 et fondent le Parti Communiste (KPD). Mais la révolte est noyée dans le sang par le gouvernement provisoire dirigé par le SPD (Ebert) et les milices de droite (corps francs) alliées contre les Spartakistes (dont les chefs, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, partisans comme Lénine d'une révolution radicale pour mettre à bas le capitalisme mais désireux de s'appuyer sur les masses et non, comme les Bolchéviques, sur une petite armée secrète, sont assassinés).

C2 - La République de Weimar (1918 - 1933) :  l'impossible rapprochement.
La République démocratique censée succéder heureusement au "Kaiserreich" est impopulaire car elle naît dans la défaite, et rompt délibérément avec l'histoire allemande en délaissant Berlin (symbole du militarisme Prussien mais aussi, paradoxalement, ville "rouge") avant de s'engluer dans la crise économique après le retrait des capitaux états-uniens en 1929. Le SPD gouverne ou plus souvent se contente de soutenir un gouvernement sans y participer, vivotant au sein de la "coalition de Weimar", hétéroclite - et comprenant notamment le zentrum catholique et modéré - tandis que le KPD milite contre le régime parlementaire, comme l'extrême-droite par ailleurs, et pour des motifs opposés. Communistes et Socialistes demeurent  par conséquent
définitivement irréconciliables : si le SPD au pouvoir dans les premiers mois de la République crée un Ministère du Travail (en 1919)  l'Etat légifère peu en ce domaine, favorisant au contraire concertation et conventions collectives, et s'accommodant de facto du capitalisme tout en encourageant la co-participation (ou cogestion) syndicale. Le SPD contrôle d'ailleurs une série de syndicats, dont le très puissant DMV (syndicat des métallurgistes, premier de tous les syndicats allemands depuis sa fondation en 1891 aux années Trente et à l'origine de l'actuel IG Metall) et milite pour la réforme du capitalisme. Le KPD, résolument révolutionnaire,  est mis en tutelle par Moscou : Staline et l'Internationale Communiste l'affaiblissent involontairement en lui imposant une organisation en cellules au niveau des entreprises (1925) puis en l'invitant à pratiquer la lutte "classe contre classe" (1928) qui empêche l'union des gauches - le SPD étant stigmatisé comme le parti des social-traîtres - face au péril nationaliste. Même la mobilisation de ses milices dans les combats de rue contre les SA dessert finalement le KPD, qui fait davantage peur aux Bourgeois que les nationaux-socialistes. Après 1933, l'échec du KPD provoquera un changement de stratégie des Partis Communistes dans les autres pays européens (tactique de "Fronts Populaires" et slogan de la "main tendue").


LE CONTEXTE DE
L'APRES SECONDE GUERRE MONDIALE

Le principe :
Gouvernement commun de l'Allemagne
 par les vainqueurs
mis en oeuvre en 1945 (Yalta)
mais 4 secteurs d'occupation (Postdam).

La réalité :
 Création de la Bizone par les Anglo-Saxons en 1946, annonciatrice de la "déchirure" de 1947-48
(Trizone, blocus de Berlin).

RFA puis RDA proclamées en 1949, anomalie de la situaion berlinoise (mais pas de mur avant... 1961 !)
Dès 1953, émeutes ouvrières (!)
contre le régime pro-soviétique à l'Est,
 atlantisme des Sociaux-Démocrates à l'Ouest

D - De 1945 à nos jours : Une Allemagne divisée puis réunifiée, mais deux gauches  toujours hostiles l'une à l'autre

D1 - 1945 - 1949 : La résurrection des partis politiques

SPD et KPD sont restaurés mais le KPD absorbe les Socialistes dans la zone Soviétique, tandis que le SPD et la CDU deviennent les deux forces principales à l'Ouest (bizone puis trizone : proclamation de la RFA en 1949).  Progressivement, le SPD va accepter le "modèle rhénan" (mis en oeuvre initialement par les Chrétiens-démocrates) qui, grâce à ce consensus, s'implantera durablement  en Allemagne occidentale.


D2 - 1949 - 1990 :  L'impact de la Guerre Froide
A l'Ouest :
Marginalisation relative du SPD jusqu'à son ralliement au capitalisme (Congrès de Bad Godesberg en 1959). Victoire électorale de 69 et présence à la chancellerie jusqu'en 1982 : Willy Brandt et Helmut Schmidt (l'Ostpolitik puis le rapprochement avec la France). Réformisme et anticommunisme réaffirmé du SPD, consensus avec les Chrétiens-Démocrates sur l'économie sociale de marché.....

A l'Est :
Fusion du SPD est-allemand dans le KPD et fondation du SED (tactique du salami). Mais échec rapide de la RDA (dictature du parti unique rejetée par les ouvriers Berlinois le 17 juin 1953) et solution désespérée du "mur de la Honte" construit en 1961 pour "sauver" le régime socialiste


Le Congrès de Bad Godesberg
Nouvelle charte fondatrice (après Gotha et Erfurt). Rupture définitive avec le Communisme perçu comme une menace pour la Liberté. Les années 50 sont marquées par l'agressivité
(second blocus de Berlin en 1958)
et les succès de l'URSS (Spoutnik, 1957)
 mais aussi par
l'échec  de la RDA,
ce qui provoque l'affermissement
de l'alliance de la RFA avec l'Ouest (dont le chancelier est Willy Brandt). Le SPD devient ouvertement atlantiste, rompt avec le Marxisme, et se rallie à l'économie sociale de marché
(consensus avec la CDU sur la "cogestion")


D3 - Depuis 1990 :  L'impossible réunification du socialisme allemand
Réunification allemande en 1989 (par le chancelier chrétien-démocrate Helmut Kohl) mais division maintenue
du Socialisme allemand.
Le SPD, qui  ne parle plus guère que de "social-démocratie" (entendu comme une forme de socialisme réformiste et non marxiste) effectue un virage libéral remarqué sous le chancelier Schröder, mais il ne parvient pas à fédérer toute la gauche, notamment dans les "nouveaux länder" (ex RDA) alors que la CDU s'y implante largement (Madame Merkel, nouveau leader de cette formation vient elle-même de l'Est).
L'ancien parti unique SED survit sous le nom de PDS et  s'implante à l'Ouest, puis intègre la coalition

"Die Linke"
 
constituée sous l'impulsion d'Oskar Lafontaine, transfuge du SPD qu'il juge trop "à droite".
Ce nouveau mouvement, plus radical que le SPD, le concurrence sans jamais le soutenir au second tour, contrairement aux usages français - où la  bipolarité Droite/Gauche assure au PS les voix du PCF ou de la Gauche radicale pour combattre le camp du Centre-Droit. Le SPD est affaibi.... mais il reste le second mouvement politique du pays, qu'il gouverne aujourd'hui dans le cadre d'une grande coalition avec la CDU.