L'INFORMATION FRAGMENTÉE ET HORIZONTALE




Le contexte :
manuel  p 301

L'explosion de l'Internet, inventé par Tim Berners Lee (langage html, 1992) un Britannique employé par le CERN, d'abord dans le but d'échanger des fichiers entre collègues scientifiques, puis de mettre à disposition de tous l'outil de transfert (un protocole basé sur le réseau militaire d'origine états-unienne Arpanet, tombé en désuétude avec la fin de la Guerre Froide) a provoqué (en plus de la constitution d'un oligopole de firmes telles que les GAFA et de l'émergence de quelques centres de recherche hébergeant le consortium W3C, basés aux États-Unis, en France, au Japon et en Chine)  une "fracture numérique".

Il faut comprendre par là qu'il existe un écart d'équipement tout à fait considérable selon les régions du monde, voire selon les catégories sociales, et que des utilisations très différenciées du réseau des réseaux (ou world wide web) sont par ailleurs observées.

Les générations actuelles ont une connaissance intuitive de l'Internet, car elles sont "nées avec" l'outil (du moins en Occident) mais, pour elles comme pour les autres, qui se sont familiarisées (ou pas) avec le réseau au cours de leur vie d'adulte,  l'explosion des outils connectés reste à venir. On va passer en effet de 15 milliards d'objets connectés en 2015 à 75 milliards en 2025, mais le phénomène, quoique spectaculaire, tient encore aujourd'hui du "gadget" - succès timide de la domotique, percée plus marqué des montres connectés et des véhicules géolocalisés (en attendant les personnes : risque de dérive transhumaniste). 

Internet n'est pas encore complétement universel : son taux de pénétration est de plus de 70% dans les pays développés, est d'environ 50 % en Amérique dite latine, de 40% en Asie (mais avec de très gros écarts entre des pays très connectés et d'autres fermés) et d'un peu plus de 10% en Afrique. Dans ce dernier continent, le Net est surfé principalement par le biais du téléphone mobile, dont l'Afrique est déjà devenue le premier marché, compte tenu de l'explosion démographique, des attentes de la clientèle potentielle et du développement récent mais sans étape intermédiaire des infrastructures "sans fil". 



L'Horizontalité de l'information
manuel  pp 302-303

On peut la comprendre comme une forme de démocratisation (au sens -neutre- d'une vulgarisation, et sans a priori mélioratif). De facto, le Net et les outils digitaux débouchent sur une massification des émetteurs d'information, ainsi que sur un nivellement (la parole des experts et des médiateurs traditionnels : les journalistes, n'étant pas forcément mieux diffusée que celle des autres, blogueurs ou trolls, sérieux ou non).

Cette horizontalité pose le problème du "filtrage des nouvelles", censément assuré par les journalistes. En pratique, la véracité de l'information n'est plus guère vérifiée, dans le contexte d'une information en temps réel et horizontale. Situation qui autorise les personnalités à diffuser impunément des messages manquant de rigueur alors que le public relaie certains messages auprès de "communautés" qui sont a priori en harmonie avec son contenu, renforçant parfois des préjugés et des erreurs.

La pertinence des opinions relayées par les réseaux sociaux n'est, en effet, guère interrogée. La popularité de Donald Trump sur Instagram et Twitter l'aurait aidé, selon son propre aveu, à gagner l'élection présidentielle. Le compte Twitter du Président sortant a cependant été suspendu par l'opérateur suite à "l'invasion du capitole" en 2021.



La Fragmentation de l'information
manuel  pp 304-305

Cette expression est trompeuse car elle ne vise pas à souligner l'éclatement de l'information entre différents médias. Il s'agit de dénoncer la restriction de la liberté d'expression et du pluralisme caractérisant "la société de l'information" numérique, peut-être plus fortement encore que la société médiatique traditionnelle. Des outils mathématiques (algorithmes fondés notamment sur les "likes" enregistrés) assurent en effet que le destinataire de l'information soit toujours "content" de la nature du message reçu, parce qu'il correspond à ses croyances ou ses opinions, voire (dans le cas des publicités ciblées) parce qu'il répond à un besoin/désir de consommation.

Le risque est donc grand qu'au filtrage des informations ne se subsitute un tri préalable échappant à l'entendement du citoyen les recevant, filtrage rétrécissant beaucoup l'éventail des communications émises en direction du récepteur (l'individu, qui ignore les modalités de cette sélection, même s'il cherche à les comprendre, faute de transparence sur les algorithmes utilisés, n'a donc plus accès à une information complète et plurielle). La censure exercée par les états agit dans ce sens (Facebook, pout tenter de s'implanter en Chine, se montre notamment très réceptif aux sollicitations peu démocratiques du gouvernement de la RPC, qui supporte mal les critiques de ses cyberopposants). La démarche commerciale des médias eux-mêmes y contribue : qu'il s'agisse pour eux de vendre aux utilisateurs des biens ou de vendre les données de l'utilisateur aux commerçants et producteurs.

Dans la pratique, la fragmentation délibéré de l'information apparaît comme une manipulation qui aurait déjà eu des résultats tangibles sur diverses élections récentes (entre autres, sur le vote positif des Anglais face au Brexit  : scandale à propos de l'officine "Cambridge Analytica" ). La nécessité de légiférer ou non sur le sujet fait pourtant débat. Les Libéraux (et les pays anglo-saxons) sont attachés au maintien de la liberté d'expression, quand une partie de l'opinion française (sensible aux problèmes de harcélement et prompte à dénoncer les haters) comprend plutôt la censure comme devant être  préalable.